‘La Grande Touffe d’herbes’ d’Albrecht Dürer (1503)

« Les célèbres études d’après nature comme Le jeune Lièvre et La Touffe d’herbe, où chaque poil du pelage et chaque brin de verdure est observé et rendu avec une dévotion quasi religieuse, sont de l’homme qui, précisément dans ces mêmes années, assujettit le corps humain à un système de lignes et de cercles aussi rigoureux qu’une construction d’Euclide. »

Erwin Panofsky, La vie et l'art d'Albrecht Dürer, p. 19.

Au carrefour du gothique et de la Renaissance

Choisir Das Grosse Ravenstück (pour nous, La Grande Touffe d’herbes) d’Albrecht Dürer, c’est non seulement aller à la rencontre de l’homme, mais également aborder un tournant dans l’histoire de la peinture.

En portant son regard, en effet, sur un carré d’herbes folles au bord marécageux d’un pré humide de Franconie, Dürer, précurseur de la Renaissance en Europe du Nord, porté par une curiosité nouvelle et de soi et du monde, manifeste son intérêt pour tout ce qui constitue la réalité de la nature : une nature qu’il n’a de cesse d’observer dans ses moindres détails – que ce soit son propre visage, les paysages, les animaux, ou comme ici les végétaux.